Deux ans après sa première victoire sur le Mur de Huy, Tadej Pogačar a récidivé, mais dans des conditions bien plus rudes. Trempé, épuisé et le maillot arc-en-ciel fané par la pluie, il a franchi la ligne d’arrivée en solitaire. L’image est en fait impressionnante, car elle est aussi le symbole d’un exploit autant que d’une lutte intérieure. Derrière la victoire, c’est un coureur marqué par l’effort qui s’est exprimé, bien loin de l’aisance habituelle qui entoure ses performances
La Flèche wallonne, réputée pour son final abrupt, a encore prouvé pourquoi le Mur de Huy figure parmi les défis les plus difficiles du cyclisme contemporain. « Les derniers mètres sont les plus durs du circuit », a-t-il confié, vidé, mais lucide. Même les plus grands connaissent l’épuisement…
Un champion sous pression
Avec deux deuxièmes places consécutives à Paris-Roubaix et à l’Amstel Gold Race, Pogačar avait besoin de remettre les pendules à l’heure. C’est fait, mais le coureur est toutefois loin de fanfaronner. Il a d’ailleurs souligné l’exigence (exagérée ?) de son programme printanier. Fatigué, mentalement comme physiquement, il assume les choix d’une saison ambitieuse : « ce n’est pas évident à gérer », a-t-il admis. Même son style, habituellement fluide, a du s’adapter aux circonstances : attaque assise, précaution sur la chaussée glissante, gestion d’effort millimétrée. La démonstration de force s’est ici muée en exercice de survie.
Une machine… humaine ?
Pogačar casse son image. Il parle désormais de repos, de besoin de se « recharger », de planification pour ne pas craquer avant Liège-Bastogne-Liège. Une position qui n’est finalement pas loin de celles de Mathieu van der Poel et Wout van Aert qui se reposent. Sa victoire à Huy n’est pas un manifeste de domination, mais une preuve de résilience. Le Slovène reste hors norme, certes, mais il montre aussi qu’il n’échappe pas aux limites humaines.
